
Si Jonnie Peacock était méconnu il y a quelques mois, il est à parier que depuis le 6 Septembre 2012, jour où il a remporté la médaille d'Or du 100 mètres, il ne peut plus se déplacer anonymement. Il a devancé le très médiatisé Sud Africain Oscar Pistorius qui a été cette année à Londres le premier double amputé autorisé à courir aux Jeux Olympiques « classiques ».
Depuis sa création, le mouvement handisport qui concernait en 1954 exclusivement les jeunes hommes mutilés et amputés pendant la deuxième guerre mondiale, a bien évolué. Le tournant décisif a eu lieu en 1988, date à laquelle le comité international paralympique le refonde et propose que les jeux paralympiques constituent un évènement sportif ouvert à tous les sportifs, quelle que soit leur déficience. Tous les moyens sont bons pour qu'ils se surpassent et augmentent leurs performances. La course aux accessoires, aux matériels et aux aides techniques qui permettent aux sportifs d'aller toujours plus vite, toujours plus loin, est incessante. Fauteuils et prothèses, dont les fameuses lames de carbone, font gagner des médailles et surtout tomber des records.
Mais la question se pose légitimement dans le monde sportif et le monde social depuis 2007 :
par rapport à un athlète valide, avec ses lames en fibre de carbone, Oscar Pistorius n'est-il pas avantagé ? Et il n'est pas une exception puisque les Jeux paralympiques de Londres ont mis en lumière les performances d'une nouvelle génération de coureurs amputés tibiaux, Jonnie Peacock, 19 ans, Alan Oliveira, 20 ans, Amélie Le Fur, 21 ans, et Marlou Van Rhijn, 21 ans également, qui suivent le chemin tracé par Pistorius aujourd'hui âgé de 26 ans.
On assiste actuellement à un discours sur la transformation technologique, voire même biotechnologique de l'humain. En poussant un peu on peut se demander avec Anne Marcellini, sociologue à Montpellier,
pourquoi tous les appareillages qui réparent le handicap et compensent la déficience pathologique ne pourraient pas être utilisés pour « augmenter » l'humain « ordinaire ». La thèse post-humaniste considère ainsi que l'humain « biologique », naturel arrive à la fin de son histoire et que ces implémentations lui seront nécessaires pour que demain il ne soit pas handicapé, par rapport aux humains qui auront été augmentés. Dans ce contexte, il est grand temps de donner une nouvelle définition du handicap et de s'interroger sur les limites de l'humanité.
photo vignette : CC by-sa
Jim Thurston
Références d'articles et de livres disponibles à Médiathèque Carthailac du Muséum Handisport
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