
Mic mac botanique !
Le théier est un arbuste de la famille des Theaceae, originaire du Sud-Est asiatique, il atteint en moyenne de 10 à 15 m de haut, mais peut mesurer jusqu'à 30 m. Il pousse dans les régions tropicales humides de notre planète qui sont soumises à un régime de pluviométrie régulier nécessaire à cette espèce. Comme beaucoup d'arbres et d'arbustes, c'est une espèce qui peut vivre très longtemps quand on la laisse pousser. Le plus vieux théier connu à ce jour se trouve en Chine à Pu'er dans la province du Yunnan, il a plus de 2700 ans !
Le théier est en fait un Camélia : souvent Camellia sinensis L. (le Camelia de Chine). C'est donc, botaniquement parlant, un cousin des Camélias que l'on plante pour ornementer nos parcs et jardins.
On a cru longtemps qu'il existait 2 « variétés » différentes : Camellia sinensis var. sinensis, le théier chinois à petites feuilles au port buissonnant et Camellia sinensis var. assamica, le théier à grandes feuilles, au port arbustif découvert dans l'Assam (Inde) vers 1830. Selon certaines sources, ces 2 variétés doivent être considérées comme 2 « espèces vraies », alors que la variété « cambodgienne », n'est qu'une sous espèce de Camellia assamica (Camellia assamica ssp. lasiocalyx).
Quoi qu'il en soit, la majorité des thés (verts, noirs, blancs, rouges, jaunes ou fermentés) que l'on trouve dans le commerce est issue du Camellia sinensis et c'est la préparation de la plante qui fait la différence entre les différents types de thés.
Le « thé de singe »
Selon plusieurs auteurs, le Yunnan, région périphérique de l'Empire du Milieu serait un des lieux d'origine du théier Camellia sinensis. C'est dans le Yunnan que serait récoltée une variété très spéciale de thé, répertoriée sous le nom de « thé de singes ».
Selon certains Chinois, ce « thé de singes » est le plus estimé car il est de qualité bien supérieure à tous les autres thés par sa saveur, sa finesse et surtout de sa rareté. Il ne peut s'obtenir que dans certains lieux et avec beaucoup de peine car il pousse sur des hauteurs inaccessibles aux hommes, et que seul un singe peut atteindre. On le recueille, au moyen d'une espèce de singes dressée à gravir les précipices les plus escarpés, à remplir des sacs de cette herbe délicieuse, et à revenir apporter leurs récoltes entre les mains de leurs maîtres. Selon certains Chinois, rien n'égale la délicatesse du « thé de singe» ; aussi se vend-il à des prix exorbitants.
Pourquoi le thé plait tant aux Anglais et moins aux Français ?
Dès 1605, la compagnie hollandaise des Indes orientales importe du thé en Europe et plus particulièrement en Angleterre, pays qui fut rapidement gagné par la mode de cette boisson et qui l'intégra dans sa culture. En France, le thé aurait été introduit à la fin du règne de Louis XIII, mais si quelques aristocrates cherchent à se distinguer en copiant leur comportement alimentaire sur celui des Anglais, le thé est loin de déclencher l'enthousiasme des populations. Les Français déjà attachés au café, le resteront.
Encore aujourd'hui, nos voisins d'outre-manche consomment près de 2,5 kg de thé par habitant et par an (4 à 7 tasses par jour) contre 250gr de thé par habitant et par an en France (1 tasse tout les 3 jour).
Des spécialistes se sont intéressés à ce constat et cherchent à savoir pourquoi il en est ainsi.
Certains spécialistes pensent que si le thé n'a pas eu plus de succès en France, c'est tout simplement car les grandes marques industrielles n'ont proposé ces dernières années que des produits de qualité très moyenne. En effet, les sachets que l'on trouve dans les grandes et moyennes surfaces contiennent souvent du Dust tea, traduisez « poussière de thés », sortes de fonds de cuves et de brisures de feuilles de thé mélangés, de qualité plutôt moyenne et pouvant avoir parfois jusqu'à 24 origines différentes.
En Angleterre, le thé, véritable rituel social très populaire, est additionné de lait, cela permet de casser l'amertume et l'astringence du Dust tea. Les Anglais sont donc un peu moins « regardants» vis à vis de la qualité du thé et privilégient plutôt la quantité, car ils en boivent beaucoup !
Pour ce qui est des Français, c'est vraisemblablement différent. Leurs rapports à la gastronomie et au terroir, entraînent une éducation du palais qui les prédisposeraient, à apprécier des thés variés et plutôt qualitatifs. Le Dust tea a donc rapidement fatigué les consommateurs, qui aujourd'hui « découvrent » véritablement les thés dans les boutiques spécialisées et les goûtent comme ils goûteraient de grands vins!
En conclusion, malgré l'augmentation de la consommation de thé en France, nous buvons, en quantité, dix fois moins de thé que nos voisins anglais. Quoi qu'il en soit, notre consommation est plus qualitative, d'ailleurs les Français n'hésitent pas à payer plus cher leurs 250 gr de thé annuels pour obtenir des produits intéressants gustativement parlant.
Ceci dit, nos amis anglais ont une histoire très riche concernant le thé et ils furent parmi les premiers à développer les théicultures dans certaines zones de la planète, il est donc important de rappeler que c'est aussi en partie grâce à eux que nous pouvons déguster aujourd'hui certains grands thés.
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Article rédigé par Grégoire Laporte, Médiateur culturel au Muséum de Toulouse, à l'occasion des rendez-vous gourmands "Voyage autour du thé" 7, 8, 9 août . Copyright photos Jean-Louis Tartarat, Les saisons du Thé. Article mis en ligne le 30 juillet 2013.